CONDUITE DES COLONIES
« Aidons nos reines à exprimer leur potentiel »
En apiculture, le but principal est d’optimiser les conditions d’exploitation des colonies d’abeilles, ce qui suppose le respect de leurs besoins fondamentaux et de leur « bien-être ».
« On ne commande à
Les principaux éléments nécessaires à la réussite en apiculture sont :
des provisions abondantes en miel et pollen,
de jeunes reines,
de bons rayons pour le couvain afin que la ponte de la reine ne soit pas contrariée.
Incontestablement, il n’y a pas de succès durable en apiculture sans renouvellement systématique des reines et une flore abondante et variée.
Il s’agit maintenant de bien préparer les colonies en vue des miellées à exploiter. Certains pensent qu’il s’agit là de théorie alors que cette programmation des colonies constitue le cœur même d’une apiculture productive.
Tout d’abord, il faut assurer à nos abeilles une bonne alimentation, la nature n’étant plus ce qu’elle était il y a 40 ans seulement, la flore mellifère régressant de façon dramatique. L’apiculteur doit donc offrir un complément de nourriture à ses abeilles pendant les périodes creuses, faute de quoi ses colonies ne seront pas assez fortes au moment des miellées et la récolte sera maigre. On a pu établir une relation entre les colonies possédant des réserves abondantes pour le développement printanier et leur production durant la saison apicole.
Exemple :
Il ne faut pas seulement du miel, mais aussi du pollen en quantité et qualité. Le pollen est indispensable pour préparer la nourriture des jeunes larves et celle de la reine.
Une bonne colonie élève plus de
200.000 abeilles par an. Or, 125 mg de pollen sont nécessaires pour
alimenter une larve, ce qui représente
« Des bataillons de butineuses »
La quantité de miel qu’une colonie est capable de récolter lors d’une bonne miellée dépend surtout de 2 facteurs :
le nombre de butineuses mobilisables
la productivité par abeille.
La récolte est plus élevée dans les colonies fortes parce qu’elles disposent de plus de butineuses !
Mais cette relation n’est pas simplement proportionnelle. Le tableau ci-dessous indique le nombre de butineuses en fonction de la population totale de la colonie.
On
remarque qu’une colonie de 40.000 abeilles possèdent 4 fois plus de
butineuses qu’une colonie de 20.000 abeilles.
Nombre de butineuses disponibles en fonction de la population totale |
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Population totale de la colonie |
Nombre de butineuses de la colonie |
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10 000 |
2 000 |
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20 000 |
5 000 |
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30 000 |
10 000 |
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40 000 |
20 000 |
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50 000 |
30 000 |
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60 000 |
40 000 |
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« De la place pour le nid à couvain »
Le développement de la population d’une colonie dépend du taux de natalité et du taux de mortalité.
Des reines prolifiques peuvent pondre 2000 œufs par jour en moyenne, soit un cadre Dadant tous les 3 jours. Elles pourraient donc garnir sept rayons dans un cycle de 21 jours. Mais en pratique, elles ne pourront pas disposer de la place nécessaire si le nid à couvain n’est établit que sur un seul corps de ruche car plusieurs rayons seront occupés par du miel et du pollen. Il faudra donc augmenter le volume du nid à couvain !
« Longue vie aux butineuses »
La longévité des abeilles joue aussi un rôle très important.
Les abeilles d’été vivent en moyenne 31 jours. En principe, les ouvrières deviennent butineuses à partir du 21è jour.
Des recherches ont mis en évidence que les abeilles qui commencent à butiner à un âge de 28 jours récoltent encore pendant 8 jours. Mais si le butinage commence déjà à l’âge de 16 jours, il se poursuit encore pendant 15 jours, soit deux fois plus longtemps.
Alors, dans quelles conditions se produit-il un butinage plus précoce ?
Eh bien, c’est quand il y a un excédent de nourrices « en chômage technique ». Leurs glandes nourricières régressent et elles deviennent butineuses avant l’âge normal. Mais comme elles ne se sont pas épuisées à nourrir des larves, elles vivent bien plus longtemps. Voilà donc pourquoi les colonies fortes ont bien plus de butineuses que les colonies faibles et produisent de ce fait davantage de miel.
« Programmer juste »
La mise en pratique de ce qui précède nous a permis d’obtenir une colonie avec :
une jeune reine,
des provisions abondantes en miel et pollen,
un vaste nid à couvain,
des butineuses en grand nombre.
Que nous faut-il de plus ? Juste une bonne programmation :
appliquer la règle des 40 jours
c’est-à-dire faire correspondre le maximum de population d’abeilles avec le début des miellées.
Alors, de la théorie tout cela ? Rien n’est moins sûr. Faute de respecter des principes biologiques fondamentaux, l’apiculteur aura de plus en plus de problèmes avec ses colonies. De toute façon, l’avenir appartient aux apiculteurs vigilants et bien informés.
Robert HUMMEL